Le bébé est mort dans les bras de sa mère.

A la manière dont gisent les deux cadavres – elle dessus, le bébé sous elle – Art Keller comprend qu’elle a tenté de protéger son enfant en lui faisant un rempart de son corps. Elle devait pourtant savoir, songe-t-il, que la douceur de sa chair ne pourrait arrêter les balles – pas à cette distance, pas des rafales d’armes automatiques – mais elle a dû agir d’instinct. Une mère s’interpose de tout son être entre son enfant et le danger ».

Ainsi commence le plus grand roman jamais écrit sur la drogue, pour paraphraser James Ellroy. En tirant le fil de cette scène inaugurale, Don Winslow remonte plusieurs décennies de trafics de drogues sur le continent américain. Toute la force de l’auteur, à l’instar d’un DOA ou d’un Jean-Christophe Grangé, est d’intégrer parfaitement un récit haletant, une documentation très fournie et des personnages à la psychologie ciselée. Don Winslow parvient en plus de 800 pages à conter, par le truchement de destins individuels – un agent de la DEA, un chef de cartel, un ambitieux gangster américain d’origine irlandaise, une prostituée, un prêtre mexicain, des mafieux italo-américains...  – la grande Histoire : celle du trafic de drogue, de la géopolitique, de l’histoire du Mexique et des Etats-Unis. On ressort aussi bien diverti qu’instruit.

 Simon

 

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